La cascade de Glandieu, une sculpture de glace éphémère

Le bassin de la cascade de GlandieuVoilà plus de deux semaines que nous sommes sous la neige. Mais aujourd’hui, le thermomètre a réussi à se hisser à plus de six degrés au dessus de zéro ! Un effort considérable !
Le dégel est en marche et la couche de neige se réduit comme peau de chagrin. C’était le moment ou jamais d’aller admirer la cascade de Glandieu.
Alléchés par les photos du journal local et par quelques posts prometteurs sur Instagram, il ne nous en fallait pas plus pour filer à la cascade de Glandieu.

Une cascade, c’est de l’eau en mouvement mais lorsqu’il gèle suffisamment fort et suffisamment longtemps, le mouvement ne suffit pas à préserver l’eau de la solidification. Alors s’opère une mutation. Cependant, l’écoulement incessant de l’eau transforme quelque chose de relativement banal, la glace, en une sorte d’œuvre d’art hivernale éphémère. Avant la débâcle, nous sommes partis voir de nos yeux la chose avant qu’elle ne disparaisse.

La cascade de Glandieu en habits de glace

Glandieu est un hameau de l’Ain situé à une trentaine de kilomètre de chez moi, non loin de la frontière iséroise. Une grosse demi heure de voiture nous a suffi pour rejoindre ce lieu-dit. Je ne vous surprendrai guère sans doute en vous disant que Glandieu est traversé par un cours d’eau qui se nomme le Gland. J’ai une pensée émue pour les camarades de classe de mon ado préférée qui ne manqueraient pas de glousser en entendant cela. Ce cours d’eau rejoint rapidement le Rhône quelques kilomètres plus à l’est. C’est justement sur cette rivière que se trouve la cascade de Glandieu la bien nommée. C’est une cascade remarquable puisque sa hauteur de chute est d’environ 60 mètres. Généreuse, elle se laisse admirer depuis la route. Pas besoin de crapahuter des heures ou de ramper sous les buissons pour avoir la chance de la découvrir. Il y avait foule d’ailleurs ce samedi à la cascade de Glandieu : des amoureux en balade (comme nous), des familles nombreuses, des photographes amateurs ou pas.

La cascade de Glandieu

En m’approchant de la cascade, j’ai d’abord entendu le fracas étourdissant de l’eau sur les rochers puis j’ai ressenti la fraîcheur des micro-gouttelettes suspendues dans l’air tout autour de moi. Ensuite, j’ai découvert les sculptures compliquées que l’eau avait façonnées dans l’air glacé. Des colonnes comme les tuyaux d’un orgue géant, des concrétions fantastiques qui s’élançaient vers le ciel comme autant d’arbres pétrifiés, des aiguilles acérées comme les crocs d’un monstre qui pendaient des surplombs environnants. L’eau au pied de la cascade était libre, formant un bassin aux reflets verts frangé tout autour d’un feston de glace.

sculptures de glace à la cascade de glandieu

Accroupi dans le bassin, un photographe travaillait. Un professionnel, équipé de cuissardes de pêche qui lui montaient jusqu’à la poitrine. Son appareil photo était installé sur un pied télescopique plongé dans l’eau glaciale du bassin. L’objectif équipé d’un filtre pointait son œil inquisiteur vers la cascade glacée.
J’ai échangé quelques mots avec lui. Il aurait aimé un temps plus gris pour pouvoir mieux saisir les nuances de blanc qui composaient le tableau fragile et magnifique que nous avions sous les yeux. A genoux dans l’eau glaciale, il avait l’air heureux d’être là et de pouvoir capturer la beauté fugace de ces sculptures de glaces.

Comme je lui faisais remarquer que la température remontant, tout allait vite disparaître, il me dit que c’était pour ça qu’il s’était dépêché de venir prendre des clichés de la cascade.

Tout à l’heure, un gros morceau de glace s’est détaché de là-haut pour se fracasser en bas des rochers ! J’étais bien content de ne pas être dessous à ce moment là !

Il a ri lorsque je lui ai fait remarquer que photographe était un métier dangereux. Il m’a expliqué qu’il lui arrivait parfois de prendre des risques pour décrocher une belle photo. Nous avons laissé ce passionné à sa chasse pour nous rapprocher de la cascade et prendre plusieurs photos. Même si j’apprécie de vous faire partager ce que je vois de beau, je ne me suis pas risquée à prendre un bain pour autant !

Concrétions de glace à la cascade de Glandieu

Philosophie de la cascade

Je me sens toujours petite devant la force de la nature. De la glace, ce n’est pas grand-chose, on en fait l’été dans nos congélateurs pour rafraîchir nos apéritifs. Et pourtant, la glace peut prendre des formes étranges qu’il faut se dépêcher d’apprécier avant qu’elles ne fondent.

Je me souviens d’un séjour au Québec où des sculpteurs façonnaient la neige glacée et lui donnaient toutes les formes d’animaux ou de personnages que l’on peut imaginer. Les blocs métamorphosés décoraient les bords des routes et les entrées des villages. Sur un bras du fleuve Saint Laurent, de véritables villages s’installaient pour la saison de la pêche blanche. Les autochtones perforaient la glace épaisse avec une tarière et pêchaient pendant tout l’hiver. Pour se rendre dans les villages temporaires, il suffisait de prendre la voiture et de rouler sur le fleuve gelé ! La glace c’est très dur, presque impossible à casser lorsqu’elle est épaisse et pourtant, un jour elle disparaît, simplement parce que l’air se réchauffe.

Même si nous trouvons la cascade magnifique nous ne pouvons rien faire pour l’empêcher de disparaître. J’ai pensé à la fugacité du présent. Le présent c’est maintenant, et le temps que je finisse d’écrire cette phrase, il est parti et j’en parle au passé. Je ne dois pas m’attendre à ce qu’il revienne. Le présent passe et ne revient pas. Que faire alors ? Ne pas le gaspiller. Le vivre intensément chaque seconde. Il est vital de respirer ; il ne me viendrait pas à l’idée de me dire que je respirerai dans une heure parce que ce n’est pas le moment ou que j’ai respiré il y a cinq secondes donc je peux m’en passer. Je considère le présent comme la respiration, indispensable à vivre pour se sentir au mieux tout comme il est indispensable de respirer pour vivre. Donc je respire pour vivre le présent. Le présent c’est la cascade gelée, demain ce ne sera plus le présent, elle aura peut-être disparu, laissant la place à un autre présent. Ce sera autre chose et ce sera bien aussi. J’ai savouré l’instant. J’en ai retiré du plaisir. Et maintenant ? Je partage avec vous et j’en retire encore du plaisir.

Prenez soin de vous.

Isabelle.


Photos : Isabelle Ducau et Ralph Grillot

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ANNA
ANNA
1 février 2017 10 h 17 min

Merçi de pouvoir partager tout ce que vous faites….cela me procure beaucoup de joie et échanger est si important……cela fait partie aussi d’un bonheur tout simple comme tout ce que l’on peut admirer autour de soi qui nous recharge en bonne énergie bonne journée à toutes amicalement Anne

Kristyne
Kristyne
31 janvier 2017 11 h 35 min

Merci pour ce message frais et dynamisant pour bien commencer une nouvelle journée

Dominique
Dominique
30 janvier 2017 22 h 09 min

Merci Isabelle de nous faire partager vos petits bonheurs du quotidien…des bonheurs simples à la portée de chacun, il faut juste prendre le temps de regarder et de partager….Merci pour votre belle philosophie de vie….

claude
claude
30 janvier 2017 14 h 16 min

magnifique;merci