Amis crapauds fous, bonjour ! Être un crapaud fou, c’est tout à fait positif ! Et justement, le positif c’est l’objet de la sophrologie dont je vais vous entretenir aujourd’hui. La stratégie du sophrologue est de travailler sur le positif et sa matière première est la conscience. Avec ça vous n’êtes pas beaucoup plus avancé, mais patience, nous allons développer tout ça. La sophrologie est un outil extrêmement utile pour travailler à son mieux-être ou tout simplement pour entretenir son bien-être. En plus d’être utile il est simple à utiliser. En plus d’être simple il est plaisant. Bon OK je suis sophrologue en devenir et j’adore ce que je fais mais je vous raconte la vérité. Allez venez, on en parle !
Que savez-vous de la sophrologie ?
Avant de découvrir concrètement la sophrologie, je connaissais le terme bien sûr mais j’aurais eu du mal à le définir. Pour moi, c’était une technique pour se détendre, un peu comme la relaxation. Peut-être même qu’on s’allongeait sur un tapis et qu’on fermait les yeux… Comme on dit souvent c’était un moyen d’être plus zen. Je pense que c’est à peu près l’image que beaucoup de personnes ont de la sophrologie, même si celle-ci se démocratise de plus en plus. Certaines femmes ont utilisé la sophrologie pour préparer leur accouchement. Certains sportifs y ont eu recours dans le cadre de leur préparation mentale. Des salariés en burn-out l’ont employé dans la panoplie des outils leur permettant de retrouver le bien-être. Mais alors, ce n’est donc pas que pour se détendre ? On m’aurait menti ?
Définir la sophrologie
Historiquement parlant, la sophrologie est la science qui étudie la conscience harmonieuse. Gnarf ! Je vois quelqu’un l’air perplexe, sourcils haussés, un index sur les lèvres…
Heu…
Respire ! Nous allons clarifier tout cela. Cette première définition est liée à l’étymologie du mot sophrologie qui est un néologisme créé en 1960 par un neuropsychiatre, le Professeur Alfonso Caycedo, à partir de trois racines grecques :
Tu vois ? Je n’invente rien !
Qu’est-ce que ça veut dire ?
J’y viens, patience. Si dans les premiers temps de sa création, la sophrologie était d’abord une école qui étudiait la conscience humaine, après une longue période de recherche et de mise au point, elle est devenue un outil de mieux-être au service des individus. Le Professeur Alfonso Caycedo a développé une méthode pratique destinée à mobiliser les potentiels individuels d’une personne. Nous avons en nous des ressources et des capacités que la sophrologie permet d’activer par le biais d’un entraînement régulier.
Entraînement ? Faut bosser ? On est pas juste allongé sur un tapis avec de la musique douce ?
Ben non ! Faut bosser et sans musique douce en plus ! Non mais attends faut bosser pour soi ! Ça motive quand même ! Surtout quand on commence à percevoir les bénéfices…
J’ai pas trop compris là… ça sert à quoi cet entraînement ?
Ça permet de développer l’adaptabilité d’un individu à ses conditions de vie. Nous vivons dans une société très complexe où tout va très vite. L’individu est sous pression du matin où il pose un pied parterre (voire même avant s’il reluque son portable ou écoute les infos sur son radio-réveil) jusqu’au soir lorsqu’il s’endort (s’il ne s’endort pas trop difficilement). Entre ces deux instants, c’est une course effrénée et le refrain qui revient le plus souvent est :
Je n’ai pas le temps
Pour survivre à ce stress permanent, il faut s’adapter. Mais s’adapter ça demande de l’énergie et à force d’adaptation on finit par s’épuiser et faire un burn-out. C’est là que l’adaptabilité arrive sur son grand cheval blanc !
Heu, là je ne suis plus…
Mais si, tu vas voir, c’est simple. L’adaptation c’est le fait de s’adapter, c’est à dire pour un organisme, ce sont les changements qu’il met en place pour survivre. S’adapter au stress c’est mettre en place des actions pour ne pas succomber. L’adaptabilité correspond à la capacité d’un individu à s’adapter à une nouvelle situation. Les capacités d’adaptations ne sont pas illimitées. L’entraînement sophrologique permet d’augmenter ses capacités d’adaptation mais aussi de devenir conscient de ses limites d’adaptation.
OK… ça veut dire que tu deviens plus résistant aux différents stress mais que si t’en prends plein la poire, à un moment tu seras capable de dire stop ?
C’est ça. Tu ne dépasseras plus tes limites sans t’en rendre compte. Cela ne veut pas dire que tu ne les dépasseras jamais. Le fait de dépasser tes limites est une responsabilité individuelle. Mais les dépasser en conscience, ça change tout. A tout moment, tu peux décider que ça suffit et revenir en deçà de tes limites.
Pour récapituler tout ça, la sophrologie est une méthode d’entraînement qui permet à celui ou celle qui la pratique de prendre conscience de ses potentiels, d’élargir sa conscience de lui-même et du monde, de connaître ses limites et de développer son adaptabilité aux conditions actuelles de vie en société.
Un ch’tit peu d’histoire de la sophrologie
Inventée par un médecin
Bon, je vous l’ai dit, la sophrologie a été créée par le Professeur Alfonso Caycedo en 1960. A cette époque, il était jeune psychiatre dans un hôpital de Madrid. Comme ce sont toujours les derniers arrivés qui se collent les tâches les plus ingrates, il était chargé de poser les comas insuliniques et d’installer les électrochocs sur les patients du service de psychiatrie. Ces traitements violents étaient destinés à entraîner chez les malades mentaux des changements d’état de conscience. Ces actions les plongeaient dans des états de conscience modifiée, ce qui permettait au personnel soignant de rentrer en contact avec eux. Le reste du temps, ils étaient dans des états de conscience pathologique où toute communication était impossible. Le jeune médecin a été très choqué par l’utilisation de ces méthodes violentes et s’est dit qu’il existait sûrement d’autres moyens de créer des états de conscience modifiée sans torturer les patients.
Inspirée de l’hypnose
Il a commencé à utiliser des techniques d’hypnose clinique, particulièrement intéressé par les techniques rapides debout. Cependant, certains phénomènes observés n’obéissaient pas aux lois acceptées par l’hypnose ou par la psychiatrie. Le côté magique de l’hypnose dérangeait aussi Alfonso Caycedo. Il a décidé de créer une nouvelle science pour étudier ces phénomènes. Selon lui, si l’état hypnotique existait, cela était la preuve de l’existence d’un état de conscience qui n’était ni pathologique, ni ordinaire. Ainsi, Caycedo créa une école pour étudier cet état de conscience particulier : la sophrologie était née et avec elle le premier service de sophrologie médicale dans un hôpital madrilène. A cette époque, Caycedo définissait la sophrologie comme étant une école étudiant la conscience humaine en harmonie. Cet état de conscience particulier, objet de ses études, est devenu la conscience sophronique, un état qui s’acquiert de façon volontaire grâce à un entraînement du corps et de l’esprit.
Inspirée des techniques de relaxation occidentales
Certaines techniques de relaxations ont inspiré le créateur de la sophrologie. Le training autogène de Schultz et la relaxation de Jacobson font partie de ces techniques. Ces méthodes recherchent un relâchement des tensions musculaires pour créer un état de détente mentale et diminuer l’anxiété et les effets du stress.
Appuyée sur la phénoménologie
Afin d’étudier les phénomènes observés, Caycedo décida de se former à la phénoménologie auprès d’un psychiatre suisse, spécialiste en la matière, Ludwig Binswanger. La phénoménologie, c’est l’étude qui décrit la succession des phénomènes qui apparaissent dans l’existence. Un phénomène étant compris comme ce qui apparaît à la conscience, ce qui est perçu par les sens, c’est à dire ce qui relève du monde sensible. Une description phénoménologique, c’est donc une description du vécu. Forcément, cette description est fonction de l’intention du sujet qui observe.
Hein ???
Oulà ! Je sens qu’il faut vite un exemple là ! Si je perçois un arbre dans mon champ de vision, l’existence de l’arbre est réelle, c’est un fait mais la perception que j’en ai n’est pas réelle. La perception de l’arbre ne sera pas la même si je suis à la recherche d’ombre ou si je suis un bûcheron. La perception de l’arbre dépend du sujet qui l’observe et de la manière dont il vit cette perception. Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise perception, il y a une perception pour un sujet donné.
Les apports du yoga indien, du bouddhisme tibétain et du zen japonais
La femme de Caycedo pratiquait le yoga avec assiduité sous l’œil amusé de son mari. Un jour Alfonso ouvrit un des livres de yoga de son épouse et s’aperçut que les penseurs orientaux parlaient des états de conscience modifiée. Intrigué il demanda à Binswanger son avis de phénoménologue sur le yoga. Binswanger lui répondit :
Si j’avais votre âge, j’irais voir ce qu’il se passe en orient.
Il n’en fallait pas plus à Caycedo pour entamer un périple de plus de deux ans qui le conduisit de l’Inde des yogis aux monastères zen en passant par les lamaseries tibétaines sur les pentes de l’Himalaya.
Auprès des yogis il découvrit l’importance accordée à la corporalité. Ce fut un constat décisif d’autant plus qu’en psychiatrie le corps n’était pas pris en compte. Il se rendit compte que les yogis connaissent bien mieux la conscience que les psychiatres occidentaux. Il expérimenta auprès des yogis des états modifiés de conscience qui correspondaient à l’état de conscience sophronique qu’il avait identifié. Il découvrit que si le corps est limité, la conscience ne l’est pas et que la respiration joue un rôle central dans le yoga.
Auprès des lamas tibétains, il observa aussi des pratiques de yoga utilisant des états de conscience modifiée. Il eut plus de difficulté à assister aux exercices pratiqués par les yogis tibétains qu’il n’en avait eu à observer ceux des yogis d’Inde. Cependant ses échanges avec le dalaï-lama et le médecin personnel de ce dernier lui permirent d’approcher les techniques utilisées par les moines tibétains et d’approfondir sa compréhension de la pensée orientale.
Au Japon, il découvrit le zen. Le terme zen est complètement galvaudé en occident. Si je vous dis « zen » vous pensez, bambou, fontaine, galets luisants, calme, détente, relaxation…. Le zen ce n’est pas du tout ça. Le zen c’est une voie d’éveil de la conscience. Le zen est un état de présence à l’instant présent sans aucun objectif.
Les moines sont assis dans une posture spécifique : le zazen. Ils sont en méditation, dans un état de tension juste et de présence à l’instant que rien ne doit altérer. Même une mouche qui se promène sur le visage ne doit pas perturber le moine qui médite. Le roshi (le maître) qui dirige la session surveille les élèves avec un bâton et frappe de manière codifiée ceux dont l’attention fléchit. La tension juste crée l’attention. Si la posture se relâche, l’attention fait de même. Si l’élève sent que sa tension faiblit, il sollicite le coup de bâton du roshi pour rester dans l’état d’attention requise. Régulièrement les moines se lèvent pour faire quelques pas et dénouer leurs jambes avant de reprendre la posture zazen pour une nouvelle session de méditation. Le zen c’est être immobile et attentif comme un tigre prêt à bondir, bien loin de l’image de coolitude occidentale !
Les objectifs de la sophrologie
Le yoga comme le zen ont mis au point des techniques psychocorporelles pour développer la conscience humaine avec un but spirituel. Ces deux approches ont permis à Caycedo de construire les exercices de sophrologie en réalisant une remarquable synthèse. Il a repris les éléments qui permettaient un entraînement pour développer la conscience en laissant de côté tout l’aspect religieux. En sophrologie, le développement de la conscience n’est pas là pour servir un objectif religieux de libération de l’être. L’objectif de la sophrologie est de développer la conscience de l’individu pour lui permettre d’accroître son adaptabilité aux changements permanents de son existence et de sa vie en société. Être adaptable, c’est être préparé à s’adapter plutôt que de s’adapter dans l’urgence. De là, la sophrologie permet la résilience et plus la résilience des individus augmente plus les interactions sociales sont facilitées. De là à changer le monde, il n’y a qu’un pas sophrologique à faire !
Et concrètement comment ça se passe ?
Individuel ou collectif
Une séance de sophrologie peut être individuelle lorsque la méthode est utilisée pour travailler sur une situation particulière ponctuelle. Le sophrologue construit alors un programme de travail adapté aux objectifs de la personne qui vient le consulter. La pratique se fait aussi en groupe lors de cours collectifs animés par un sophrologue. L’objectif est plus un travail de prévention, un entraînement soutenu par la dynamique du groupe qui permet aux participants d’élargir leur conscience, d’acquérir des outils utilisables au quotidien et de développer leur adaptabilité.
Des exercices faciles pour améliorer sa vie
La sophrologie est constituée d’un ensemble d’exercices corporels simples, d’exercices respiratoires et d’exercices de visualisations. Il n’y a pas de recherche de performance, le confort prime avant toute chose. Les exercices peuvent être adaptés en fonction de situations particulières. La sophrologie permet le sur-mesure.
Une attention portée au positif
La sophrologie met l’accent sur le positif, elle nous permet de porter d’avantage attention au positif. Entre chaque exercice, une pause permet d’intégrer les sensations agréables présentes. Naturellement nous sommes câblés pour repérer rapidement le négatif, pour des raisons de survie. Il est important de corriger rapidement ce qui ne va pas ou de nous soustraire à un danger. Cependant, lorsque l’attention est portée en permanence sur le négatif, des effets délétères ne tardent pas à se faire sentir tant au niveau corporel que psychique. Réapprendre à porter attention au positif est donc une ressource précieuse en ces temps de stress permanent.
Travailler le schéma corporel
Kécécé ? Le schéma corporel, c’est la représentation que chacun se fait de son corps et qui lui permet de se repérer dans l’espace. En sophrologie, le retour au corps est la première étape. Intégrer les sensations corporelles perçues lors des exercices permet d’affiner son schéma corporel. Cela permet de reprendre conscience de son corps puis de la place que nous occupons dans l’espace
Debout ou assis
La sophrologie se pratique debout ou assis, ce qui correspond aux postures de la vie quotidienne. La plupart des exercices peuvent être réalisés à tout moment de la journée : dans une file ou une salle d’attente, au poste de travail, pendant une réunion, dans un embouteillage… Elle se pratique autant que possible les yeux fermés, tout simplement pour faciliter la concentration sur les ressentis agréables. Le pratiquant est guidé par la voix du sophrologue. Dans de très rares cas elle peut se pratiquer allongé mais le risque est grand de s’endormir et ce n’est pas le but recherché ! La relaxation n’est qu’un outil de la sophrologie et non une fin en soi.
Pratiquer, pratiquer, pratiquer
La pratique permet de développer la conscience et les capacités d’adaptation. L’entraînement est essentiel. Quelques minutes par jour à consacrer à vous-même. Bien sûr, une seule séance de sophrologie vous procurera du bien-être mais c’est la répétition des exercices et l’entraînement qui permettra à la personne de progresser. Tout comme un sportif qui s’entraîne physiquement et mentalement. D’ailleurs la sophrologie est très souvent utilisée dans la préparation mentale des sportifs.
Les champs d’application de la sophrologie
La sophrologie est un outil qui peut être employé dans un grand nombre de situations. Si à ses débuts elle était exclusivement médicale, Alfonso Caycedo s’est très vitre rendu compte des possibilités que pouvait offrir la sophrologie sociologique. Il a alors travaillé à la faire sortir de l’hôpital pour l’utiliser de manière préventive. Les premiers à avoir eu recours à la sophrologie ont été les sportifs qui l’ont utilisé comme méthode de préparation mentale avec succès. Puis la sophrologie s’est étendue à de nombreux autres domaines : la préparation à un événement (examen, accouchement, objectif…), le stress, la gestion des émotions, l’accompagnement de la douleur, le travail avec les enfants (concentration, difficultés d’apprentissage, adaptation au changement…), le manque de confiance en soi, les problèmes de sommeil, les phobies… Les possibilités sont immenses et l’adaptabilité de l’outil est extraordinaire. La sophrologie peut aussi être choisie comme moyen d’entretenir une bonne hygiène de vie.
Pratiquer la sophrologie permet d’aller vers le mieux-être ou tout simplement d’entretenir son bien-être. Certains pratiquent le yoga ou la course à pied, d’autres pratiquent la sophrologie. L’un n’exclut pas l’autre bien évidemment ! Si vous avez envie d’en savoir plus, contactez un sophrologue et essayez ! Comme le disait Binswanger :
On ne peut se faire d’opinion sans avoir vu, vécu.
En attendant de vous lancer dans la sophrologie, prenez soin de vous.
Isabelle.
Photo : CC0 Common creative
Diapos : Isabelle Ducau
Bravo! Tout y est, avec un rythme juste ce qu’il faut. Une agréable pointe d’humour.
Merci pour ce bel article
Merci Catherine, c’est un plaisir chère consœur ! 🙂
Bonjour, merci et bravo. Un brin d’humour et de légèreté… une agréable proximité ressentie grâce à la tournure et sourtout une definition à la fois simple comprehensible et juste. Je vous souhaite une journée remplie de joie et de plaisir.
Alexandra Box.
Merci beaucoup Alexandra, belle journée à vous aussi ! 🙂
Merci beaucoup pour votre partage !
Quelle justesse! Quelle clarté ! Et tout cela avec humour et légèreté !
Je vous souhaite une belle continuation
Merci beaucoup Katya 🙂
bravo
Merci Véronique 🙂