Lors de mon précédent billet, j’avais évoqué la douceur de l’été indien qui se prête particulièrement bien aux balades gourmandes et au ramassage des champignons.
Avez-vous déjà eu le plaisir de partir dans les bois pour ramasser des châtaignes ? Voilà une activité simple et gratifiante. Une occupation jubilatoire par certains côtés. Quelle joie de découvrir cachées dans leurs bogues des belles châtaignes luisante !
Alors bien sûr, les châtaignes, ça se mérite ! Il faut se munir d’une bonne paire de chaussures et d’un panier ou d’un sac. Dès que je repère un châtaigner, je zieute par terre pour trouver les bogues et c’est là qu’intervient la partie technique de la chose : ramasser les châtaignes sans se piquer les doigts. Personnellement, j’utilise mes pieds, d’où la nécessité d’une bonne paire de chaussure type chaussure de rando. Avec les pieds j’écarte les bogues pour extraire les châtaignes que je peux ensuite ramasser sans me piquer les doigts.
Les enfants ont bien compris le jeu et s’amusent à piétiner énergiquement les bogues pour leur soutirer leur trésor si chèrement défendu. L’activité occupe la tribu un bon moment sous réserve d’avoir été assez rapide pour arriver sur les lieux à l’instant propice, c’est à dire lorsque les châtaignes sont tombées au sol et avant que la concurrence n’ait eu l’idée de passer par là.
A ce propos, je suis retournée l’autre jour dans mon pré à champignons avec mon ado préférée et « Oh ! Sacrilège ! Enfer et damnation ! Deux gugusses avaient eu la mauvaise idée de nous devancer ». Ma fille était très fâchée : « Ils n’ont pas le droit ! ». Et bien si, les champignons sont à tout le monde et les châtaignes aussi, il faut juste être le plus rapide, c’est d’ailleurs pour cela qu’un coin à champignon, ça ne se dit pas !
Une fois les précieuses châtaignes ramassées, retour à la maison pour la partie exploitation du résultat. Que faire avec ces châtaignes ?
Manger les châtaignes crues ?
C’est bon, ça a un petit goût de lait mais c’est difficile à éplucher. Il y a semble-t-il une méthode qui consiste à plonger les châtaignes dans l’eau froide après les avoir entaillées puis à porter à ébullition pendant environ 3 minutes. Vous passez ensuite les châtaignes par petites quantités sous un jet d’eau froide et les deux peaux se retireraient alors facilement. Je parle au conditionnel parce que je n’ai jamais testé cette méthode. Il faudra que j’essaye … Par contre j’ai déjà mangé des châtaignes crues en les épluchant patiemment (un excellent exercice de patience d’ailleurs) mais c’est fastidieux. De toutes manières il ne faut pas abuser des châtaignes crues au risque d’avoir des flatulences à répétitions …
Cuire Les châtaignes à l’eau ?
Ce n’est pas très difficile, ils suffit de les plonger dans l’eau chaude une trentaine de minutes puis de les éplucher ensuite pour les ajouter à un potage de potimarron ou en garniture d’un plat. Mais bof ! On se met les doigts tout noirs pour les éplucher, c’est pas trop glamour !
Les faire griller alors ?
Si vous avez un feu de cheminée vous attendez d’avoir de belle braises bien rouges et vous mettez vos châtaignes entaillées dans une poêle à trous que vous disposez au-dessus des braises. Il ne reste plus qu’à retirer les marrons du feu, opération thermiquement sensible (d’où l’expression « Tirer les marrons du feu » parce qu’il y a toujours plus de candidats à la dégustation qu’à l’épluchage !) Vous pouvez aussi griller les châtaignes entaillées sous le grill du four pendant une vingtaine de minutes. Vous allez embaumer votre cuisine, par contre ne paniquez pas si vous entendez des détonations, la châtaigne a un comportement explosif lorsqu’on la grille. Les châtaignes grillées c’est bon mais la crème de marron c’est mieux …
Hou-là ! Faire de la crème de marron ?
Oui, oui ! Ce n’est pas difficile mais je reconnais que c’est un peu long. Les marrons concernés n’ont rien à voir avec les marrons, ce sont plutôt de grosses châtaignes. Le marron est toxique et ne doit surtout pas être consommé !
Un passage à l’auto-cuiseur
Une fois que vous avez grillé vos châtaignes, il vous suffit de continuer sur votre lancée. Vous avez grillé et épluché les châtaignes alors zou, vous les mettez dans la cocotte minute et vous remplissez d’eau de manière à ce que les châtaignes du dessus trempent à peine dans l’eau. Vous fermez la cocotte, vous mettez la soupape et vous faites monter en pression. A partir du chuchotement de la soupape vous laissez cuire 10 minutes. Bon jusque là, ça va encore.
Un passage au moulin à légume
Ensuite vous passez tout ça au moulin à légume grille fine pour plus de fun ! Et là vous activez vos biceps, alternativement le droit et le gauche, c’est la stratégie à adopter pour tenir dans la durée, sans oublier une bonne dose d’huile de coude ! Vous allez obtenir une purée. Personnellement, c’était plutôt de l’extrusion et j’ai obtenu des mini granulés de châtaigne qui lorsque je les prenais entre les doigts se réduisaient en purée. C’était très joli à l’œil et j’étais très fière de ma purée qui n’en était pas une. Bon, si vous avez un mixer vous pouvez mixer mais je me suis dit que ça allait voûter (vous savez, l’hélice qui tourne dans le vide parce que ce que vous voulez mixer est trop consistant) donc, j’ai choisi le moulin à légume qui ne dépend pour son efficacité que de la quantité d’huile de coude de son propriétaire.
Un sirop de sucre
L’étape suivante consiste à peser la quantité de purée obtenue pour définir ensuite la quantité de sucre à utiliser. Il faut préparer un sirop de sucre très épais avec 750 g de sucre (de canne roux, c’est mieux pour le goût) pour un kilo de purée. Pour cela, peser la quantité de sucre requise en fonction de votre quantité de purée (vous en profitez pour faire réviser la règle de trois à vos enfants qui sont en âge de connaître cette chose, ils vont adorer …).
Mettez le sucre dans une grande casserole et ajoutez le minimum d’eau (à peu près un verre pour 1 kg de sucre), j’ai ajouté deux sachets de sucre vanillé pour le goût. Faite cuire le sirop à feu vif, ça sent bon la vanille !
Et la cuisson finale
Quand le sirop est bien formé, bien homogène, ajoutez votre purée extrudée dans la casserole et mélangez bien le tout. Il ne reste plus qu’à faire cuire une quinzaine de minutes jusqu’à ce que la crème s’épaississe et devienne plus foncée.
Voilà c’est tout. Enfin non, il vous faut encore préparer des bocaux stérilisés et les remplir avec votre si précieuse crème de marron maison. Une belle étiquette et le tour est joué !
Alors c’est vrai que la crème de marron ça se mérite mais quel pur bonheur de la déguster ensuite sur des tartines croustillantes ! De la manger avec du fromage blanc ! Et aussi de l’offrir à ceux qu’on aime !
Et vous ? vous aimez la crème de marron ?
Isabelle.
Photo : Isabelle Ducau