Lorsque nous sommes stressés c’est souvent parce que nous n’arrivons pas à vivre l’instant. Nous nous laissons emporter par des pensées, des ruminations ou des suppositions destructrices. Celles-ci stimulent notre mental qui élabore alors toutes sortes de scénarios dignes d’Alfred Hitchcock. Ainsi nous nous fabriquons des angoisses et du stress qui nous empoisonnent la vie. Un des moyens de faire barrage au stress c’est de s’attacher à vivre l’instant. Pour cela, il est possible de recourir à la méditation de pleine conscience. Cependant, tout le monde ne maîtrise pas ce moyen de retour au calme. Alors je vais vous donner un moyen de vous brancher sur votre environnement en pleine conscience. Un moyen facile à mettre en œuvre et ludique.
Couper le flux d’information
Nous sommes en permanence distraits par ce que nous entendons et surtout par ce que nous voyons. Je me permets de vous rappeler les bienfaits que peut procurer la prise de distance avec les actualités en pratiquant une diète médiatique. Un moyen efficace de se soustraire aux flux anxiogènes qui nous inondent chaque jour. En effet les actualités se regardent et se lisent pour l’essentiel, la radio représente un canal d’information moins important face à la télévision, à l’Internet et à la presse papier.
Mais même sans parler d’actualité, lorsque nous nous promenons à l’extérieur et même lorsque nous sommes tranquillement assis dans notre canapé, notre attention est en permanence captée par les éléments de notre environnement exposés à notre vue. Je ne sais pas vous, mais moi lorsque je sature ou que je me sens fatiguée, j’ai tendance à fermer les yeux et à poser mon visage dans mes mains. C’est apaisant. Déconnecter un de nos sens donne plus d’espace aux autres. La vue est un sens qui sollicite de façon très importante notre attention. Il a tendance à la capter au détriment des quatre autres. Quand je veux prêter l’oreille, j’ai tendance à fermer les yeux comme pour laisser plus d’espace sensoriel à l’ouïe. C’est bien de cela qu’il s’agit. Augmenter la sensibilité des autres sens en mettant la vue au repos quelques instants. Je vais vous expliquer comment je procède.
Se concentrer sur son environnement
Pour commencer à couper le flux d’information, je m’installe au calme, dehors, assise au soleil. Cet exercice est idéal à réaliser à l’inter-saison, le soleil du printemps ou de l’automne est suffisamment lumineux sans être trop chaud. Le soleil estival est trop fort, il me sonne en peu de temps et m’oblige à battre en retraite à l’ombre pour éviter une insolation. Quant au soleil de l’hiver, il est possible de l’exploiter mais alors il faut être bien couvert pour pouvoir rester une dizaine de minutes au moins sans avoir froid. Je l’ai déjà fait, bien au chaud dans une parka, assise au soleil contre un mur plein sud.
Voici ma dernière expérience. Ce vendredi après-midi, je m’installe le dos contre le mur, en plein soleil. J’ai une tasse de thé entre les mains, c’est juste après le repas de midi. La chatte qui dort non loin de moi, se lève pour venir se frotter contre mes jambes. Puis elle pose une patte sur mon genou en me regardant, l’air de dire :
« – Je peux ? »
Voyant mon sourire, elle s’installe sur mes genoux. Si vous avez la chance d’avoir un matou, c’est un plus indéniable. Invitez-le à vous rejoindre lorsque vous êtes confortablement assis au soleil et faites l’exercice avec lui. Le chat a des vertus thérapeutiques. Son ronron est un massage de l’âme extrêmement efficace. Ma chatte est noire, on dirait Bagheera la panthère de Mowgli mais en modèle réduit. Lorsqu’elle est au soleil, elle se transforme en bouillotte. Douceur et chaleur à caresser en plus du ronron !
Les yeux fermés et ma panthère sur les genoux, je commence à me concentrer sur la lueur du soleil à travers mes paupières. C’est un jeu que je pratique depuis longtemps. Selon que je serre plus ou moins fort les paupières les couleurs changent, selon la force du soleil aussi. En fermant légèrement je vois du jaune puis j’augmente légèrement la pression, le jaune vire à l’orange. En serrant d’avantage j’arrive dans le rose, un vieux rosé un peu fané. Un peu comme le velours qui habillerait le fauteuil d’un boudoir des siècles passés. Il se transforme en rose fushia éclatant lorsque je serre un peu plus mes paupières. Ça me rappelle la couleur des fleurs de celui qui trône sur les marches du perron pendant la belle saison. Serrant les yeux de toutes mes forces, je découvre un rouge vif puis un pourpre foncé presque aussi royal que les manteaux d’hermine des rois d’antan. Desserrer pour éclaircir et revenir jusqu’au jaune puis serrer à nouveau et se promener dans les couleurs. Lorsque le soleil se cache derrière un nuage, l’écran de ma rétine devient presque gris. La température de ma mini-panthère redescend et elle se blottit en attendant que l’astre solaire nous fasse à nouveau la grâce de ses rayons. Se concentrer sur la vue sans vraiment voir est déjà une étape de relâchement qui permet de se ramener à ce qu’il se passe et de vivre l’instant.
Prêter attention à l’environnement et vivre l’instant
C’est fou tout ce qu’il y a comme bruits différents lorsqu’on y prête attention. Écouter sans chercher à imaginer, juste constater l’existence de ces bruits et les laisser filer sans donner la possibilité au mental d’échafauder des suppositions et de s’interroger sur le pourquoi du comment.
Assise ce vendredi après-midi, j’entends le bruissement léger du vent dans les feuilles du chêne, un froissement d’intensité variable selon la force des courants d’airs. Un corbeau ou une pie coasse dans un jardin voisin. Le vent passe léger sur mon visage et agite mes cheveux. Un bruit de fond constant et régulier sert de décor à ce théâtre sonore : le ronron du chat. Un bruit et une sensation. Une vibration sur mes genoux et dans ma main posée sur son pelage brûlant. Un bruit doux et plaisant. Quelques insectes butineurs s’affairent dans les corolles des dahlias à quelques pas de moi. Quelqu’un siffle quelque part dans le quartier. Un voisin trimbale un conteneur à poubelles. Une voiture passe sur la route.
Une porte claque. Le tac-tac des chaussures à talons de la voisine dans sa cour rythme sa marche. Le bruit du portillon que l’on fait claquer pour le fermer et le tac-tac reprend plus proche, dans la rue. Le cliquetis de la poignée d’une voiture puis le claquement sourd d’une portière. Le chat ronronne toujours. Le vent agite encore les feuilles du chêne par moments. Le bruit d’un moteur qui démarre puis qui tourne au ralenti un long moment. Mon mental essaie de trouver une explication : peut-être qu’elle consulte son téléphone ? Peut-être qu’elle…
« – Chuuut ! Écoute et tais-toi ! »
Le ralenti couvre le bruit du ronron mais je sens qu’il se poursuit aux vibrations que je perçois dans mes mains et mes jambes. Un insecte passe à proximité de mon oreille gauche. Je sens l’odeur des gaz d’échappement. Changement de régime du moteur, bruit caractéristique de marche arrière, pause puis départ. Le bruit du moteur s’estompe, le ronron reprend le dessus, interrompu par une altercation entre mésanges dans le chêne. Le vent passe sur mon visage et emporte au loin l’odeur des gaz du moteur. Quelque part dans l’herbe, un insecte crisse comme si c’était encore l’été.
Les griffes de mon félin perforent le tissu de mon pantalon et viennent piquer en cadence ma peau juste en-dessous. Un avion passe loin au-dessus de nos têtes. Les mésanges se chamaillent de plus belle dans le chêne. La chatte bouge sur mes jambes, j’ouvre les yeux, elle s’étire des quatre membres puis décide que la séance est terminée. Elle descend de mes genoux et disparaît dans le jardin. J’ai passé un bon moment, je me sens détendue. C’est simple. Je me dis que je vais sans doute écrire quelque chose à ce sujet. Le soleil est reparti se cacher. Je rentre.
Vivre l’instant pour s’apaiser et se détendre
Lorsque j’écoute les bruits ainsi, je ne pense pas, j’observe attentivement. Je suis en train de vivre l’instant. Un bruit chasse l’autre. Il y a toujours quelque chose à entendre. Il m’est arrivé lors de nuits d’insomnies de sortir dans le jardin et de m’installer dans le hamac en fermant les yeux pour écouter les bruits nocturnes. Les bruits racontent l’environnement, ils décrivent le moment de la journée et même la saison. Essayez de faire cet exercice pour vivre l’instant. Que vous soyez en pleine forêt, dans un jardin public, sur une plage ou dans un hall de gare, c’est toujours possible. Fermez les yeux et n’utilisez que l’ouïe, l’odorat et peut-être le toucher. Le goût ne devrait guère être sollicité. Deux ou trois sens sur cinq, c’est plus d’acuité que d’habitude pour ceux qui restent et pour vivre l’instant.
Une sensation chasse l’autre. Ne vous y arrêtez pas, laissez-les filer. Tout comme lors d’une séance de méditation, laissez les pensées défiler sans les retenir. Si vous vous apercevez que vous vous êtes arrêté sur un bruit ou une odeur et que votre mental essaie d’analyser, souriez. Ce n’est pas grave. Détachez-vous. C’est précisément au moment où vous vous en rendez compte que vous êtes dans la pleine conscience. Soyez indulgent, faites toujours de votre mieux. Reprenez votre rôle d’observateur et continuez pour vivre l’instant.
Prenez soin de vous.
Isabelle.
Photos : Isabelle Ducau et Ralph Grillot
Je viens de découvrir, un moyen qui, pour moi, est souverain : 2 ou 3 fois par jour, 5 minutes d’exercices de cohérence cardiaque . (On trouve d’excellents guides sur le net.)
Résultat : quand je lis, je lis, quand je cuisine, je cuisine, etc etc
J’apprécie particulièrement la simplicité de la démarche, et la rapidité de l’exercice, gages d’une pratique durable dans le temps !
Merci pour vos articles bienfaisants !
Merci Orel ! Je connais les exercices de cohérence cardiaque. Il y a plusieurs exercices respiratoires pour aider au bien-être. Je ferai sûrement un article là-dessus un jour …
Amicalement,
Isabelle.
Comment vous dire ? Merci, merci, merci.
J’ai enfin pu éclaircir le mystère des couleurs les yeux fermés…
Pour le reste je vais essayer mais l’exercice me parait difficile car mes pensées me retiennent et je ne parviens pas à les laisser défiler. Mais j’essayerais !
Merci et beau week end à vous.
Bonjour Armelle !
Allez-y tranquillement, ne vous mettez pas la pression, c’est justement au moment précis où vous vous rendez compte que vos pensées vous ont attrapée que vous êtes dans la pleine conscience. Essayez, c’est bien ça qu’il faut faire. Ne vous fustigez pas si vous n’arrivez pas encore à laisser filer vos pensées, soyez bienveillante envers vous-même, faites de votre mieux ! Bon week-end à vous également,
Amicalement,
Isabelle
Merci Isabelle de partager tous ces mots … Ils font du bien et vos astuces pratiques d’un grand conseil
Belle journée à vous
Isa
Merci Isa ! Bien contente de vous apporter du bien-être, à bientôt !
Amicalement,
Isabelle.
Depuis que je me suis mise à la méditation (enfin, à l’apprentissage de la méditation), il m’arrive de me contenter de fermer les yeux et écouter mon environnement. C’est la forme de méditation qui me plaît le plus, j’y prends beaucoup de plaisir et en ressors toujours plus sereine.
Rien que de te lire, je me sens mieux, d’ailleurs ! 🙂
Bonne journée Isabelle !
Merci Marianne ! Bonne méditation auditive ! 😉
Merci Isabelle,votre message est tres intéressant, et je vais essayer de l’appliquer… pourquoi ne pas
essayer ? malheureusement sans mon petit chat parti au mois d’avril, et dont le chagrin reste vif…….
Bonne semaine et toute ma sympathie.antoinette
Merci Antoinette, bonne semaine à vous aussi !