Marche relaxante, prenez de la hauteur !

Marche relaxanteVous le savez sans doutes déjà, la marche est un excellent anti-stress. C’est aussi un moyen de se vider la tête quand le mental est trop agité ou même d’évacuer les tensions lorsqu’on est énervé. D’ailleurs il est fréquent de dire à quelqu’un qui perd le contrôle « Vas prendre l’air ! » Aujourd’hui je vais vous parler de la marche relaxante ou marche de l’oiseau comme je l’appelle. Une marche un peu particulière que vous pouvez faire quand vous avez besoin de prendre du recul et de vous poser ou bien simplement pour le plaisir de prendre un moment pour vous.

C’est quoi une marche relaxante ?

La marche est déjà une activité qui permet de se détendre. Elle favorise l’oxygénation du corps, la circulation du sang et permet de lâcher un peu le mental. Il y a plein de façon de marcher : il est possible de jouer sur le rythme des pas, leur amplitude ou encore de caler la marche sur la respiration. Toute respiration est constituée de quatre phases : une inspiration, suivie d’une légère apnée puis une expiration suivie elle aussi d’une apnée un peu plus longue que la première et ainsi de suite. Du fait de ces quatre étapes, il y a plein de façons de respirer. Alors si on combine la marche et la respiration, je vous laisse entrevoir le champ des possibles… Pour que la marche soit encore plus relaxante il est possible d’adopter un rythme lent. La marche lente est un des outils utilisé en sophrologie. C’est une marche qui favorise notamment l’ancrage et la concentration. Nous n’avons pas l’habitude de marcher très lentement. Cela demande un réel effort de concentration et d’attention. Lorsque nous nous concentrons sur une activité nous arrêtons immédiatement de ruminer, de ressasser ou d’anticiper. C’est une forme de lâcher-prise. La marche lente permet de déconnecter le mental. Vous pouvez marcher lentement de plein de manières différentes, je vais vous en présenter une pour vous donner une source d’inspiration, libre à vous d’imaginer votre propre marche relaxante !

Comment procéder concrètement ?

Faire un premier pas

C’est très simple. Il suffit de mettre un pied devant l’autre ! Non mais attendez, je vais développer ! Il s’agit de marcher très lentement. Au départ, bien ancré sur mes deux pieds, je suis stable, le regard au sol. En inspirant, je décolle le talon du pied droit (oui je suis droitière alors j’ai tendance à démarrer du pied droit, mais évidemment vous pouvez démarrer du gauche, l’essentiel ici, c’est de démarrer !) Simultanément, tout en portant progressivement mon regard loin devant, je lève les bras comme si j’étais un oiseau et que je déployais mes ailes. A la fin de l’inspiration, je reste le temps de l’apnée en équilibre sur ma jambe gauche tendue, la jambe droite en position haute ainsi que les bras. Puis j’expire et je laisse mes bras redescendre avec élégance. Tout en ramenant doucement mon regard vers le bas, le pied droit se rapproche du sol et s’y pose doucement le talon en premier. Je déroule bien le pied droit au sol pendant que je finis d’expirer et que mes bras redescendent complètement. Pendant un court instant, je suis sur mes deux pieds de nouveau ancrée au sol, jambes légèrement fléchies. La respiration suspendue entre la fin d’une expiration et le début de l’inspiration suivante, je bascule le poids de mon corps en avant sur la jambe droite. J’ai fait un pas. Il s’est écoulé environ dix secondes.

Faire un deuxième pas

Tout en prenant une inspiration je décolle le talon gauche et je déploie mes bras comme des ailes. Je laisse ma jambe gauche monter en avant pendant que mes bras s’élèvent sur les côtés, je décolle en me propulsant vers le haut sur ma jambe droite, le regard au loin devant. Un instant la respiration suspendue, en équilibre sur le pied droit, j’entame l’expiration et la phase d’atterrissage qui va avec. Mon regard se rapproche du sol, mes bras redescendent, ma jambe gauche s’abaisse et le talon du pied gauche entre en contact avec le sol. Tout en déroulant le pied gauche, je me rapproche de la terre en fléchissant légèrement la jambe droite et mes bras reviennent au repos. J’ai fait un deuxième pas. Il s’est écoulé encore dix secondes. C’est toute une aventure.

Pratiquer la marche relaxante à votre rythme

Dix secondes pour faire un pas mais ce peut être moins ou plus. Cela dépend du rythme de votre respiration. Les pas sont calés sur la respiration. Pour rester confortable, ne faites pas l’inverse. Laissez vos pas suivre le rythme de votre respiration. Plus vous vous apaiserez, plus vous respirerez lentement et plus vous ralentirez. Vous pouvez faire la marche relaxante pendant 5 minutes, 10 minutes, 20 minutes…. C’est vous qui voyez, c’est vous l’artiste ! Le plus simple c’est de zieuter la vidéo que je vous ai préparée et ensuite, vous n’avez plus qu’à faire pareil !

La marche relaxante, une allégorie de la vie

Petite réflexion à clavier ouvert sur ce que m’inspire cette marche relaxante.

Marcher, c’est comme vivre.
Marcher lentement, c’est comme vivre en conscience.

Prêts et prêtes pour une petite digression philosophique ? Si mes digressions ne sont pas votre tasse de thé, je vous suggère d’aller prendre l’air, pourquoi pas faire une marche relaxante ? Sinon, respirez un bon coup, tout va bien se passer !

Vulnérabilité dans le changement

Habituellement nous marchons plutôt rapidement. Nous n’avons pas le temps de percevoir le fait que la marche est une succession de déséquilibres. Lorsque nous ralentissons le pas, nous percevons très bien ce déséquilibre. Posée sur ma jambe d’appui comme un héron aux aguets, je me sens instable. De fait, si quelqu’un venait à me bousculer dans cette position, il y a de fortes chances pour que je trébuche. Dans ma vie, tant que tout roule et que tout est réglé comme du papier à musique, je me sens en sécurité. Rien ne bouge, c’est la routine, c’est comme lorsque je suis ancrée au sol sur mes deux pieds.

Puis il se produit un événement perturbateur de cette routine. Ce peut être un élément extérieur qui m’affecte, un changement que je subis ou une décision que je prends, peu importe. Dans tous les cas, cet élément perturbateur me fait sortir de ma zone de confort. Le changement me pousse à bouger. Je ne me sens plus en sécurité. Je peux être excitée ou avoir de l’appréhension, je peux être enthousiaste ou être réfractaire. Je ne suis plus stable. Tout semble se mettre en mouvement autour de moi, c’est comme lorsque j’ai décidé de faire un pas. A partir du moment où je décolle le talon du sol pour propulser une jambe en avant, je ne suis plus ancrée sur mes deux pieds. C’est là qu’une pichenette pourrait me faire chuter. Lors des moments de transition et de changement dans ma vie, de la même manière, je me trouve plus vulnérable. Le changement fait peur et c’est légitime. Pour autant il ne doit pas m’empêcher d’avancer, parce que la vie c’est le mouvement.

L’impermanence de toute chose

Nous sommes semble-t-il les seuls êtres vivants conscients de notre finitude. Ce peut être lourd à porter ou pas. Cela dépend de la façon dont nous regardons la vie. Nous pouvons nous lamenter sur notre finitude en nous plaignant que la vie est trop courte ou en tombant dans l’aquoibonisme (vous me suivez sur ce néologisme ?)

A quoi bon vivre ma vie puisque je vais mourir un jour !

Nous pouvons aussi décider de donner un sens à notre vie. Vu qu’elle est limitée dans le temps, nous aurions peut-être intérêt à la rendre la plus riche possible, la plus savoureuse et la plus intéressante. Tout ce qui commence un jour se terminera un autre jour. C’est valable pour toute chose à des échelles de temps différentes. Seul le changement est permanent. Une marche commence par un pas qui se termine et auquel succède un autre pas et ainsi de suite. De même que les pas se succèdent, les jours se succèdent et les éléments perturbateurs de notre routine aussi.

La conscience de cette impermanence me pousse à considérer qu’une phase désagréable ne durera qu’un temps et que je n’ai pas à douter qu’elle s’installe pour le restant de mes jours. Mais de la même manière je suis consciente que le présent ne reviendra pas. Le temps que je l’écrive, il appartient déjà au passé. Donc ? Je profite du présent lorsqu’il est agréable. Le fait de savoir que l’agréable n’est pas une constante donne à ces moments toute leur saveur.

marcher

Le pouvoir de changer les choses

Lorsque je marche, je peux décider de changer de direction. Je peux ralentir ou accélérer. Dans ma vie aussi, c’est moi le capitaine du navire, c’est moi qui donne le cap. J’ai le pouvoir de changer ce qui ne me convient pas dans ma vie. Changer c’est sortir de la zone de confort. Changer c’est décider de faire un nouveau pas. Alors je laisse le talon se soulever et ma jambe quitte le sol, me retirant au passage ma stabilité rassurante. Je sais que je suis vulnérable mais je sais aussi que mon pied retrouvera le sol dans un instant et je retrouverai alors un nouvel équilibre. A quoi bon se mettre en déséquilibre si c’est pour ensuite revenir en position sur mes deux pieds ? Tout simplement pour avancer. Après le changement, je retrouverai une vie qui sera plus satisfaisante pour moi. J’aurai progressé dans ma connaissance de moi-même, des autres, du monde… J’aurai travaillé à donner du sens à ma vie. Vivre, c’est comme marcher sur un chemin, une succession de déséquilibres, étape par étape, pour avancer vers un but. Définir ce but peut être l’œuvre de toute une vie justement !

Prendre de la hauteur et consolider ses bases

Pendant la marche relaxante, vous pouvez mettre une intentionnalité particulière sur les mouvements que vous faites. Lorsque vous commencez un pas, vous déployez vos bras, un peu comme si vous alliez vous envoler. Le regard se porte au loin, vers vos projets et vos objectifs personnels. Vous vous rapprochez du ciel comme pour prendre de la hauteur, pour vous élancer vers vos objectifs. Le mouvement est globalement ascendant.

Lorsque vous redescendez votre jambe, vos bras et votre regard, vous revenez vers la terre. C’est un peut comme reprendre confiance dans vos appuis, vos capacités et vos ressources personnelles. Se sentir relié à la terre est rassurant. Il est plus facile d’avancer en étant rassuré. Les deux pieds au sol, prendre conscience d’être là, sentir le poids du corps sur le terre, se sentir relié par la force de la gravité et prendre appui sur le sol pour repartir de l’avant, vers l’avenir.

Faire la marche relaxante avec cette intentionnalité me booste tout en m’apaisant. Je me sens comme ressourcée. C’est difficile à expliquer. Je ne sais pas quel sera votre ressenti. Si vous le souhaitez, expérimentez et partagez vos ressentis en commentaires.

Je vais vous laisser poursuivre votre chemin tranquillement. Ma digression philosophique s’arrête là. Prenez soin de vous et prenez l’air le plus souvent possible. Quelques pas peuvent changer beaucoup de choses.

Isabelle


Photo et vidéo : Isabelle Ducau

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kestia pitolin
kestia pitolin
30 octobre 2018 6 h 45 min

merci pour l info

Svetlana
Svetlana
14 avril 2018 22 h 42 min

Bonsoir Isabelle, super votre vidéo, une vrai pro 🙂 J’adore aller en forêt et donc j’ai testé votre proposition de marche lente. Au début je me focalisais tellement sur mes pas que je crispais dans les épaules. J’ai eu l’idée de dérouler la jambe vers l’avant avant de reposer le talon et j’ai trouvé plus de fluidité. J’ai repensé à votre analogie sur notre équilibre dans la vie, c’est tellement vrai. Une belle sortie dans les bois et j’en ai profité pour cueillir de l’ail des ours et du tussilage. Que de bonnes plantes pour nous soigner. Merci pour vos… Lire la suite »

Hélène
Hélène
5 avril 2018 19 h 55 min

J’adore vous lire!
Je vous admire !
Vous me fascinez !
Cordialement